« Je veux pouvoir vivre debout. Je ne veux pas être considéré comme un dément. Je ne suis pas dément, privé de raison. J’ai juste une maladie qui brouille les pistes, me rend le langage difficile, la compréhension plus lente. Je ne sais pas faire une addition écrite. Est-ce que ça me rend moins humain? […] Un des problèmes de la maladie d’Alzheimer, parmi bien d’autres, c’est le changement de regard. Après l’annonce du diagnostic, c’était très différent dans le regard des autres. Si je vais bien, on pense que je suis dans le déni de la maladie, parce que j’aurais une atteinte frontale. Si j’ai le »blues », on dit que je suis dépressif, à cause de la maladie, et on veut me donner des anti-dépresseurs. Pire, si on ne comprend pas une de mes blagues, on demande à ma femme si la maladie me fait délirer…»
Philippe Blanchard est médecin et vit avec la maladie d’Alzheimer. Son épouse Mina et lui nous proposent un vibrant témoignage, présenté lors de l’Université d’été Éthique, société et maladies neuro-dégénératives.